Le sentiment de la catastrophe

 

C’est l’enfer. L’école secondaire, c’est fini, on doit aller voir du côté des adultes, fini de rire. Pour cause d’études horribles, on ne répète presque plus. On a peur du chômage, de la crise. On est vraiment trop cons. 

Un des seuls cours que j’aime, c’est celui là:

Img_0487

 

le professeur De Vleeshouwer, on dit qu’il est communiste, s’en prend régulièrement aux étudiants de droite dans l’hémicycle de l’auditoire Janson.

 

Le capitalisme est en pleine mutation. Nous ne sommes que des cobayes pour de vastes expériences économiques qui doivent servir à rentabiliser le capital, à créer de la valeur, à tout prix. 

A ce moment, le jeu c’est d’entretenir le chômage pour obtenir une main d’oeuvre plus flexible, augmenter les taux d’intérêts, déstructurer l’Etat social. 

Entretenir la peur et la déplacer sur un autre terrain.

 

La peur, c’est elle qui bousille les êtres humains.

 

Pendant les trente glorieuses  c’était  la peur de ne pas avoir sa part de gâteau dans un contexte de guerre froide, de peur politique plus globale.

Quand les événements de 1973/74 (“le choc pétrolier”, les journées sans bagnoles) sont arrivés, un mot a fait son retour dans le vocabulaire économique, c’est le mot crise. 

 

La peur qui s’est installée alors concernait notre futur en tant qu’individu, un individu qui était en même temps mis de plus en plus en avant. 

Une nouvelle guerre est alors apparue: la lutte pour la réussite individuelle dans un contexte de concurrence démultipliée et de narcissisme intense.

 

Pour nous, nous qui voulions être des oiseaux de paradis, il y avait ce sentiment qui planait, le sentiment de la catastrophe. 

Parce que le changement que nous voulions radical n’avait rien à voir avec cette mutation économique mondiale. 

Plus rien désormais ne s’accorderait à notre désir d’utopie. C’est comme ça que résonnait le cri du “No future”. Il n’y avait pas de futur parce que le futur ne serait qu’une grande et monstrueuse catastrophe.

 

 

Img_0490

 

This entry was posted in Uncategorized and tagged . Bookmark the permalink.

Leave a comment